Le Garçon qui volait des avions

« - Même si – bon – l’épisode du vélo, est-ce que c’est vrai, est-ce que c’est faux ? Est-ce que c’est un peu tiré de la réalité mais quand même un peu romancé ? »

Elise Fontenaille

Résumé

En 2008, l’évasion d’un jeune adolescent aux Etats-Unis défraie la chronique. Il n’a que seize ans et vient de voler un avion, alors qu’il n’a jamais pris de cours de pilotage. Toutes les polices du pays le poursuivent, mais l’opinion publique s’attache à son histoire, il devient malgré lui une légende contemporaine. Alors qu’il disparaît sans cesse, une page Facebook à sa gloire rassemble très vite 100 000 fans.

Voici l’histoire vraie de Colton Harris Moore, livré à lui-même depuis l’enfance. Sa course effrénée est une histoire d’aventure et de liberté qui en dit long sur la construction de nos mythes contemporains à l’heure de l’omniprésence des médias et des réseaux sociaux. Comme les pièces d’un puzzle, la mère alcoolique, les voisins, la shérif, les avocats, les invités des plateaux télé… se succèdent sur scène. Jusqu’à Colton qui apparaît enfin au dernier acte.

C’est le temps de la traque, la dernière ligne droite. Colton, s’en sortira-t-il vivant ? « Notre besoin de consolation est impossible à rassasier » comme l’écrivait Stieg Dagerman….

Intentions de Mise en scène

 

La cavale de Colton Harris Moore a fasciné les Etats Unis, un vrai battage médiatique a été mené à coup de reportages, interviews, articles, émissions spéciales, reconstitutions dessinées, biographies. Colton est ainsi devenu un mythe, une sorte de Che Guevara de la jeunesse, sa fuite en avant a été idéalisée.

Dans notre dramaturgie, Colton n’apparaît qu’à la fin de la pièce. Il est ainsi le centre de toutes les discussions, des peurs, des fascinations. Nous souhaitons jouer avec le mystère. Plus Colton est insaisissable, plus le fantasme grandit.

Lorsque Colton apparaît au dernier acte, la surprise est grande. Colton n’est qu’un gosse avec une souffrance à fleur de peau, les failles de son enfance sont béantes. Nous voulons interroger la différence entre ce que chacun a pu projeter sur l’aventure de Colton Harris Moore et la réalité de ce qu’il a vraiment vécu. Beaucoup ont vu dans l’histoire de Colton une quête, nous y voyons plutôt une fuite.

Après avoir découvert cette histoire au travers du livre d’Elise Fontenaille, nos recherches nous ont ouvert tout un monde. Nous voulons rendre compte de la multiplicité des points de vue existants tout en racontant cette aventure. Nous avons construit cette pièce comme un puzzle.

D’une scène à l’autre, les univers et les codes de jeu sont différents. Monologue intimiste, scène d’aventure, clin d’œil au cinéma américain, rapport d’enquête, scènes dialoguées.

Sur scène au départ des caisses en bois de déménagement. Tout est là, brut. Le décor est amovible et renvoie toujours à la mobilité de Colton, à son absence de possessions.

Les comédiens manipulent manipulent le décors mais aussi la technique (enceintes, vidéos projecteurs). Les ficelles sont apparentes et magiques. La création sonore utilise elle aussi plusieurs plans avec des sons diégétiques, directement du plateau, et des sons envoyés en façade pour accompagner l’action et jouer sur les sensations du public.

LE PROGRÈS

« Une folle cavale ! »

FROGGY DELIGHT

« Une mise en scène très ingénieuse pour un récit vrai, palpitant et émouvant ! »

THÉATRE ONLINE

« Un spectacle sensible sur le parcours de cet ado perdu devenu symbole de liberté. »

Écriture

Elise Fontenaille,

Aurianne Abeccassis,

Marc Beaudin,

Julien Bleitrach,

Cécile Guérin

Mise en scène et jeu

Julien Bleitrach,

Cécile Guérin

Direction d’acteurs

Muriel Sapinho,

Claire Olivier,

Jean-Baptiste Epiard

Scénographie

Guilhem Huynh

Création vidéo

Johan Lescure

Création sonore

Michaël Filler

Création lumière

Cyril Manetta

Coproduction

Théâtre Dunois (Paris),

La Canopée,

Scènes des écritures et du spectacle vivant (Ruffec),

Théâtre d’Yssingeaux,

Théâtre Jacques Tati (Orsay),

Théâtre Toursky (Marseille)

Durée

1h10

Extraits

« – Même si – bon – l’épisode du vélo, est-ce que c’est vrai, est-ce que c’est faux ? Est-ce que c’est un peu tiré de la réalité mais quand même un peu romancé ? Parce que cet épisode-là, comme tout ce qu’on a compilé sur Colton, forcément pose la question aussi de comment tous ceux qui ont écrit ça, quelque part, ont réécrit l’histoire.

Comment, à partir du moment où tu t’empares d’un fait divers, comment tu essayes de le rendre plus attractif

– Plus vendeur

– Plus bankable.

– Et c’est pareil pour nous. Qu’est-ce qui fait que je suis fascinée par cette histoire ? Est-ce que j’ai besoin de l’épisode au vélo ?

– Est-ce que je préfère pas me dire que l’épisode du vélo a vraiment existé ? »

 

« L’Histoire voulait que je pourrisse ici toute ma vie. Que j’en sorte pas, de mon île.

Né dans une caravane, mort dans une caravane.

Toute une vie-caravane.

Mais au bras de fer avec ma propre vie, c’est pas elle qui gagne, c’est moi. Je serai plus intelligent qu’elle, je serai plus intelligent que le destin.

Les garçons de mon âge ont des amis, une copine, une famille, un toit, quelque chose. Ils font des études.

Depuis combien de temps j’ai pas parlé à quelqu’un ?

Moi je n’ai rien, personne, à part 100 000 fans sur Facebook.

Je suis devenu une ombre, l’ombre d’un animal.

Le voleur aux pieds nus.

Le  mouvement c’est mon salut : quand je trace, je ne pense pas.

Parfois j’en ai assez. Souvent même, dès que je m’arrête un peu trop longtemps. Je ne sais plus où j’en suis, je ne sais plus qui je suis…

Pour la première fois, je sens le poids de la solitude. Un manteau de pierre jeté sur mes épaules. »